Lundi, la capitale du Sénégal recevra enfin une nouvelle ligne de train de banlieue, après cinq ans de construction et un coût de plus d’un milliard de dollars.
Dès que les TER étincelants commenceront à rouler, les politiciens se précipiteront pour vanter les avantages de la réduction des temps de trajet et du désengorgement de Dakar. En revanche, des milliers d’habitants estiment qu’ils n’ont pas été correctement payés pour les maisons et les commerces rasés pour faire place à la ligne tant vantée.
« Le jour de l’inauguration, nous voulons bloquer le départ du TER pour exiger que nos problèmes soient réglés », a déclaré Ibrahima Cissé, qui dirige un groupe de 16 000 personnes affirmant qu’on leur doit de l’argent.
De nombreuses personnes sont également enragées parce que les relogements promis n’ont toujours pas été effectués. Le gouvernement affirme que presque toutes les personnes ayant droit à une indemnisation l’ont reçue, mais admet que certaines réinstallations n’ont pas encore eu lieu.
Les trains circuleront à une vitesse pouvant atteindre 160 kilomètres par heure et couvriront la distance de 36 kilomètres entre Dakar et la nouvelle ville de Diamniadio en 20 minutes environ. Les partisans du projet affirment qu’il permettra de transporter 115 000 passagers par jour, leur évitant ainsi de passer des heures dans les fameux embouteillages de la capitale.
La période de construction « peut sembler longue », mais « malgré Covid, nous avons battu des records en matière de rythme de construction », a déclaré Stéphane Volant de Seter, la société d’exploitation du chemin de fer. Le coût réel du projet, selon les critiques, dépasse les mille milliards de francs CFA (1,5 milliard d’euros), par rapport au budget de 780 milliards de francs.
Seter utilisera 15 trains bimodes de quatre voitures alimentés au diesel et à l’électricité, produits par Alstom, l’une des nombreuses entreprises françaises impliquées dans le projet, dont Seter. Les billets de seconde classe coûteront 1 500 francs CFA (2,5 dollars) et ceux de première classe 2 500 francs. Le plan du président Macky Sall visant à moderniser les infrastructures du pays d’ici à 2035 inclut la ligne ferroviaire, qui est contrôlée par l’État sénégalais.
L’un des sujets favoris de Macky Sall est l’amélioration de la situation à Dakar.
Les cinq millions d’habitants de la ville représentent environ un tiers de la population du Sénégal et la quasi-totalité de l’activité économique du pays. Selon des données officielles, les embouteillages coûtent chaque année 172 millions de dollars à la ville. Les gares TER seront reliées à des bus express qui circuleront sur des voies désignées d’une autoroute à péage en service depuis une décennie.
La ligne sera prolongée de 19 kilomètres supplémentaires dans la deuxième phase du projet, jusqu’à l’aéroport international Blaise Diagne, qui a ouvert en 2017. Il faudrait moins de 50 minutes pour aller de l’aéroport au centre-ville de Dakar. Ceux qui se battent pour obtenir des compensations estiment que la ligne de train a ruiné leur vie derrière ces chiffres impressionnants.
« Nous nous sommes appauvris à cause du TER. C’est un projet qui a entraîné la création de morts vivants » L’organisation de défense de Cissé, le Collectif des personnes affectées par le TER, compte Amina Bayo parmi ses membres.
Environ 2 000 personnes et entreprises ont déposé des plaintes auprès de l’Apix, l’organisme public chargé du projet, alléguant une perte totale de 50 milliards de francs CFA (76 millions d’euros).