Des comptes Twitter localisés en Arabie saoudite auraient profité de l’arrestation d’Ousmane Sonko pour lancer une vaste opération digitale contre le président Macky Sall.
Selon l’édition de ce jeudi 6 mai du magazine Africa Intelligence, « des notes techniques transmises à la présidence sénégalaise affirment que les manifestations qui ont suivi l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko en mars ont été largement amplifiées par une armada de 9 000 comptes Twitter probablement coordonnés ». En résumé, la promotion des manifestations de mars dernier auraient été largement promues sur les réseaux sociaux par des « trolls » saoudiens. La publication affirme que deux documents ont été remis en avril dernier au patron de la Délégation nationale du renseignement (DNR). Dans ces notes, on peut observer une analyse de la mobilisation en ligne qui a accompagné les mouvement ayant entouré l’arrestation d’Ousmane Sonko. A l’époque, le hashtag #FreeSenegal avait fleuri sur Twitter et permis de mobiliser dans les rues de Dakar mais également d’autres villes sénégalaises.
Concrètement, ce sont 9 000 comptes Twitter qui sont dans le collimateur de la DNR. Ces comptes avaient auparavant servi lors d’opérations au Moyen-Orient ou en Asie : « Les conseillers de la présidence sénégalaise s’interrogent sur une possible participation d’intérêts saoudiens à l’agitation autour de l’arrestation d’Ousmane Sonko », peut-on lire dans cet article qui affirme que les fameux comptes avaient notamment diffusé des informations pour révéler au monde la situation des Rohingyas en Birmanie ou encore pour diffuser des messages pro-wahhabites.
Les « fermes à trolls » saoudiennes habituées aux opérations coup de poing
Africa Intelligence se demande si l’Arabie saoudite est « un riche mécène » d’Ousmane Sonko. En tout cas, la coïncidence étonne : la plus grande majorité de comptes n’avaient jamais traité du Sénégal auparavant. De quoi interroger sur l’origine du mouvement, pas si spontané que cela ? Le journaliste d’Africa Intelligence rappelle que le Sénégal a été « très proche de l’Arabie saoudite jusqu’en 2018 », avant de se rapprocher du Qatar et de la Turquie, deux pays que Ryad ne porte pas forcément dans son cœur. Même si ces deux derniers pays ne sont pas considérés comme de gros investisseurs dans notre pays.
Pour information, ce n’est pas la première fois que l’Arabie saoudite est accusée de lancer des opérations sur le réseau de micro-blogging Twitter. Le royaume avait déjà infiltré Twitter via une cellule dirigée par Saud al-Qahtani, un proche de Mohamed ben Salman, qui avait été démis de ses fonctions après l’affaire Khashoggi. Une enquête du New York Times avait, en 2018, dévoilé les activités d’une « ferme à trolls » saoudienne qui avait notamment effectué des opérations d’influence lors de l’élection américaine. Des « trolls » qui n’hésitent également pas à attaquer les opposants au régime saoudien sur les réseaux sociaux.