Au Sénégal, huit emplois sur dix sont payés en espèces. La plupart sont des employés contractuels qui ne sont pas couverts par les soins de santé. Selon un sondage, 77 % des employés temporaires pourraient percevoir leur salaire par voie digital si cela signifiait avoir accès aux soins de santé.
Telles sont quelques-unes des principales conclusions d’une publication récemment lancée par le gouvernement sénégalais avec le financement de l’Alliance Better Than Cash (Nations unies), de la Banque mondiale et de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie du Sénégal. La combinaison des achats digitaux et des primes de soins de santé constitue une plateforme idéale pour l’intégration sociale, la formalisation et l’innovation financière.
La production et la demande intérieures ont été stimulées par les paiements digitaux. Si la moitié des emplois des migrants au Sénégal étaient payés en ligne, le PIB augmenterait de 45 milliards de francs CFA par an, soit environ 80 millions de dollars. Le fait de payer les employés à distance accélère l’inclusion financière, améliore la productivité du marché et augmente la liquidité du système financier. Pour tirer parti de cette opportunité, l’Agence de développement des PME (ADEPME) a l’intention d’augmenter son fonds de financement des PME de 20 millions de dollars – environ 11 milliards de francs CFA – auprès de la Banque mondiale. Cette somme sera utilisée pour promouvoir des projets de paiement digital pour l’emploi et pour améliorer les programmes de digitalisation des PME.
Des dirigeants de haut niveau s’expriment en faveur des paiements digitaux pour les employés
Le président sénégalais Macky Sall et S.M. la reine Máxima des Pays-Bas, qui est l’avocate du Secrétaire général des Nations Unies pour le financement inclusif du développement (UNSGSA), ont lancé un appel aux autres gouvernements, au secteur privé et à la société civile, les exhortant à « utiliser ce rapport pour faire en sorte que les paiements digitaux soient au cœur d’une reprise économique prospère et équitable ». Nous sommes impatients de travailler ensemble pour avoir le leadership sur ce programme afin de faciliter une reprise équitable et connectée numériquement », ont conclu les deux dirigeants.
Pour créer un précédent, le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a également décrété la digitalisation des paiements pour les emplois de l’administration burkinabé fin 2020. Lorsque la crise du Covid-19 a éclaté, l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) ont pris des décisions visant à réduire les mouvements d’espèces dans les huit nations. Ces décisions ont des conséquences réelles qui commencent à affecter la vie des employés et des entreprises.
La progression de la couverture universelle des soins de santé
Bien que l’obtention d’une pension soit souvent liée aux cotisations de soins de santé, l’Organisation internationale du travail estime qu’au moins 61 % des employés dans le monde travaillent dans le secteur informel sans couverture adéquate (OIT). En effet, dans certains pays, les employeurs ne sont pas souvent tenus de s’engager à offrir une quelconque couverture à leurs employés informels ou indépendants, ce qui affecte les femmes de manière disproportionnée.
Pour faire face à ce défi d’accessibilité, l’Agence nationale de la couverture maladie universelle du Sénégal a dévoilé un programme innovant de paiements digitaux. Elle a collaboré avec des fintechs et des entreprises privées pour connecter l’accès aux soins de santé universels et les paiements digitaux, en mettant l’accent sur les femmes. Des entreprises nationales phares telles que le géant agricole SODAGRI, ainsi que des PME comme QUALIOCEAN et Kossam SDE, montrent la voie en proposant une couverture maladie universelle aux employés temporaires. Plus de 200 000 employés auront également accès à des services de soins de santé de haute qualité, subventionnés par le gouvernement.
Bien que 81 % des sociétés nationales comptent moins de 20 employés, leurs chaînes d’approvisionnement engagent en moyenne des centaines, voire des milliers de contractuels. Les employés sont normalement bancarisés, mais 93 pour cent des travailleurs contractuels temporaires paient en espèces. Ces derniers sont couramment omis du système de santé officiel.
Trois facteurs ont étouffé le développement de la digitalisation des paiements en Afrique : la taille du secteur informel, qui peut représenter jusqu’à 90 % de l’économie ; le taux historiquement faible d’inclusion financière ; et, surtout, le fait que seuls 21 % des emplois africains génèrent un revenu, ce qui les place sous le seuil de pauvreté.