L’ancien ministre rwandais Augustin Ngirabatware, condamné à 30 ans de prison pour son rôle dans le génocide rwandais, purgera le reste de sa peine au Sénégal, ont déclaré mercredi à La Haye ses contrôleurs judiciaires.
Dans un document daté du 28 mai, le juge Carmel Agius du Mécanisme pour les tribunaux pénaux internationaux (MICT) a indiqué qu’il avait donné instruction au greffier du tribunal « de transférer Ngirabatware au Sénégal pour l’exécution de sa peine aussi rapidement que possible » après la conclusion d’une affaire distincte.
Ngirabatware était le ministre de la planification pendant le génocide, qui a tué au moins 800 000 Tutsis et Hutus modérés entre avril et juillet 1994. En décembre 2012, il a été reconnu coupable d’avoir incité, aidé et soutenu des milices hutues dans sa région natale de Nyamyumba, dans le nord du Rwanda, pour tuer et violer ses voisins tutsis. Après l’annulation de la condamnation pour viol, la peine initiale de 35 ans a été ramenée à 30 ans en 2014. La peine a par ailleurs été confirmée lors d’une révision en 2019.
Dans une affaire distincte, le 25 juillet, Ngirabatware et trois autres personnes ont été reconnues coupables d’avoir tenté de corrompre ou de contraindre des témoins afin d’obtenir l’annulation de sa condamnation.
Félicien Kabuga, une personnalité soupçonnée de financer les violences, est le gendre de Ngirabatware, un économiste formé en Suisse et né en 1957. En mai 2020, il a été appréhendé dans un quartier de Paris. Le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a rendu le jugement contre Ngirabatware après que le TPIR a fermé ses portes en 2015 et a confié ses opérations au MICT, soutenu par l’ONU.
Ngirabatware a fui le Rwanda en juillet 1994, travaillant dans des centres de recherche au Gabon et en France avant d’être appréhendé en Allemagne en 2007 et transporté au Tribunal pénal international pour le Rwanda l’année suivante.