Le président sénégalais Macky Sall, l’actuel dirigeant de l’UA, parle à DW des enjeux du continent africain et de la coopération avec l’Europe.
Le 5 février 2022, le président sénégalais Macky Sall a été élu à la présidence de l’Union africaine. Il prend la présidence de l’UA à un moment où la démocratie semble être menacée dans certaines parties du continent.
En février, la Guinée-Bissau est devenue le dernier pays africain à être confronté à une tentative de coup d’État. Cette tentative fait suite à une tentative de coup d’État réussie au Burkina Faso en janvier. Des juntes militaires ont pris le pouvoir en Guinée et au Mali l’année précédente, tandis qu’au Tchad, l’armée a désigné le fils du dirigeant de longue date Idriss Deby comme président dans ce qui a été décrit comme un « coup dynastique ».
Dans le même temps, la région éthiopienne du Tigré est en proie à une guerre civile depuis plus d’un an, et les conflits armés et les attaques terroristes se multiplient au Sahel, une vaste région semi-aride qui s’étend du Sénégal à l’ouest au Soudan à l’est.
Macky Sall s’est entretenu avec DW avant le sommet UA-UE de 2022, qui a débuté jeudi à Bruxelles.
Macky Sall dit : Le tableau peut paraître sombre. Mais nous oublions souvent que l’Afrique est un grand continent avec 54 pays et une population de plus de 1,3 milliard de personnes. Nous ne mettons pas non plus en valeur les aspects merveilleux de notre continent. Paradoxalement, lorsque la démocratie semble s’affaiblir, elle se renforce en fait, même lorsque nous sommes en crise.
Il y a des crises internes ici et là, mais ce sont les coups d’État, notamment en Afrique de l’Ouest, qui perturbent les processus démocratiques. Ces questions se posent, mais nous ne pouvons pas simplement leur attribuer les problèmes de l’Afrique. L’Ukraine et la Russie dominent actuellement l’actualité mondiale, il y a donc des crises partout.
Certes, l’Afrique connaît de nombreux problèmes de sécurité, notamment la lutte contre le terrorisme. Le terrorisme s’est étendu à l’Afrique après avoir été détruit en Syrie et en Libye, ce qui en fait une cible facile pour le terrorisme international et le prochain champ de bataille dans la guerre contre le terrorisme.
En ce qui concerne le terrorisme en Afrique et au Sahel, nous supplions le Conseil de sécurité [de l’ONU] depuis dix ou douze ans de nous confier davantage de responsabilités, de mettre en place une mission dotée d’un mandat plus solide. Nous n’avons pas réussi à rallier [le soutien] à cette cause. Nous avons également des difficultés à financer les missions d’imposition et de maintien de la paix sur le continent.
Ce sont les préoccupations que nous abordons avec tous nos partenaires, en particulier le Conseil de sécurité des Nations unies, qui est chargé de garantir la paix et la sécurité mondiales, mais aussi avec les pays partenaires.
Si l’Afrique n’est pas en sécurité et en paix, le reste du monde le sera aussi. Cela englobe non seulement l’Europe, en raison de sa proximité avec l’Afrique, mais aussi l’Amérique et l’Asie.