Le chômage élevé des jeunes est récemment apparu comme l’un des problèmes les plus urgents pour les politiciens africains. Contrairement à ce qui se passe dans les pays industrialisés et en plein essor, l’industrie manufacturière axée sur l’exportation joue un rôle nettement moins important dans le changement structurel économique de l’Afrique. Le Sénégal n’échappe pas à cette tendance. Entre 2004 et 2019, l’agriculture a perdu plus de dix points de pourcentage de sa part de travail, tandis que l’industrie manufacturière n’a gagné sa part que d’un point de pourcentage, contre 7,6 points pour le commerce.
Une économie en pleine expansion
Les statistiques macroéconomiques récentes montrent toutefois une économie en pleine expansion qui donne de plus en plus de chances à ses jeunes, plutôt qu’une économie stagnante dépourvue de potentiel. Le PIB du Sénégal a progressé de 6,6 % par an de 2014 à 2019, après une croissance moyenne de 3 % par an de 2009 à 2013. En outre, entre 2007 et 2016, le chômage des jeunes est passé de 14 % à 6 %. Le secteur manufacturier, une fois encore, ne semble pas être le moteur de ces changements, comme c’est le cas dans la plupart des pays d’Asie.
Au lieu de cela, un nombre croissant de recherches trouve plusieurs secteurs qui, à bien des égards, sont comparables à la fabrication et pourraient être cultivés pour promouvoir la croissance économique et créer des emplois. Ces industries, connues sous le nom d' »industries sans cheminée » ou IWOSS, se distinguent par leur négociabilité (forte valeur ajoutée par travailleur), un meilleur potentiel de développement technologique et de croissance de la productivité, et des indications d’économie d’échelle et/ou d’agglomération. Des analyses récentes examinent le potentiel des secteurs IWOSS à augmenter de manière significative la création d’emplois de bonne qualité au Sénégal s’ils sont exploités de manière appropriée.
Dans l’ensemble, les secteurs IWOSS au Sénégal ont connu une croissance bien plus rapide de 4,5 pour cent par an entre 2001 et 2017 que les secteurs non-IWOSS (2,7%) et l’industrie manufacturière (3,4%) sur la même période. Sur le marché du travail, l’élasticité de l’emploi pour les secteurs IWOSS tourisme et agroalimentaire est respectivement de 0,96 et 0,88, ce qui est supérieur à la fabrication (0,54). L’horticulture a un meilleur score, à 0,97. Avec une plus grande élasticité de l’emploi, ces industries IWOSS sont susceptibles de produire plus d’emplois que la fabrication.