«Les travailleurs du pétrole, par leur professionnalisme, ont acquis la confiance de grandes compagnies aériennes qui se ravitaillent au Sénégal. Mais, les nouvelles politiques énergétiques du régime sortant sont en train de démanteler le système.» C’est ce qu’a confié, hier, en conférence de presse, Cheikh Diop, Secrétaire général de la Cnts/Fc, qui soutient «qu’il y a de quoi avoir peur». Avant de prendre exemple sur le futur aéroport Blaise Diagne : «L’aéroport de Diass, avec tout le tintamarre qu’il y a derrière, si la question de la sécurité qui passe par le carburant aviation (carburants spécialisés à base de pétrole dont on se sert pour faire avancer divers types d’aéronefs) n’est pas réglée, aucune compagnie responsable ne mettra pied sur Dakar.»
Quoique lent à la détente, Cheikh Diop stigmatise aujourd’hui «l’irresponsabilité» du régime sortant qui a «confié cette question à Cheikh Mbacké Sèye, Pdg de «Touba Oil», qui, selon lui, «n’est pas un professionnel du secteur» : «On est train de vouloir créer une nouvelle raffinerie, des sociétés de recherches, tout au bénéfice de Cheikh Mbacké Sèye qui est derrière. C’est nébuleux. Nous pensons qu’il n’est pas seul et on doit revoir la situation dans le secteur du pétrole», avise Cheikh Diop. Qui insiste : «Notre raffinerie (Sar) avait beaucoup d’espoir et on pensait à sa relance. Mais, aujourd’hui on accorde un «Sea-line» à Cheikh Mbacké Sèye qui contourne la Société africaine de raffinage (Sar). Ça veut dire que, si ce «Sea-line» est opérationnel, la Sar va perdre une bonne partie de ses activités», prévient-il. Avant d’ajouter : «L’aéroport de Diass devait démarrer dans moins d’un an. Mais, jusqu’en ce moment, aucun dépôt de stockage d’hydrocarbure aviation n’est construit à Diass. Or, un dépôt de cette envergure de l’aéroport de Diass ne peut pas se construire à mois de 18 mois. On nous dit qu’on a créé une société de transport. Ça veut dire que Cheikh Mbacké Sèye qui veut son «Sea-line» à partir du Port de Dakar, dans son dépôt, va faire son kérosène et créer son entreprise de transport aviation pour ravitailler l’aéroport de Diass. C’est trop risqué», alerte Cheikh Diop.
Le syndicaliste fustige aussi le fait que le Pdg de Touba Oil soit à l’origine des départs de Mobil Oil et de Shell Sénégal. «D’autres grandes sociétés de pétrole sont en train de plier bagages à cause des pratiques de Cheikh Mbacké Sèye et des avantages qu’on lui accorde, créant ainsi une concurrence déloyale», confie M. Diop. Egalement, dit-il, dans le stockage et la distribution de gaz, d’importantes faveurs ont été accordées au Pdg de Touba Oil. La situation est d’autant plus inquiétante, alerte-t-il, que ce «prédateur social» est en train de déstabiliser complètement le secteur du pétrole.
M. Diop et ses camarades se demandent «qui est derrière le Pdg de Touba Oil» qui se permet de tout s’accaparer dans le secteur de l’énergie. En tout état de cause, la Cnts/Fc soutient qu’elle lui fera face quoi que cela puisse coûter. En attendant, Cheikh Diop attire l’attention du nouveau régime de Macky Sall sur la question de l’énergie pour que des discussions soient très rapidement entamées pour une meilleure intelligence du secteur.
